8.23.2011

LES PSYCHOPATES DU PETROL


La fuite de pétrole « est réduite à deux barils par jour et nous travaillons sans relâche pour l’éliminer », a assuré Glen Cayley, directeur technique des activités d’exploration-production du groupe pétrolier en Europe, au micro de BBC Radio 4. Cependant, ce responsable a déclaré à l’agence britannique Press Association que la fuite résiduelle représentait un « défi ».
En effet, le pétrole s’échappe à deux endroits d’un même oléoduc, et si l’écoulement principal a pu être rapidement contenu, le deuxième point d’épanchement, de petite taille, s’avère plus difficile à atteindre et à colmater, en raison de sa position et de l’importante végétation sous-marine qui l’entoure, a-t-il expliqué.
Par ailleurs, M. Cayley a assuré que la nappe de pétrole flottant à la surface de la mer du Nord, qui avait atteint jusqu’à 30 km de longueur, s’était nettement réduite, et que son volume ne représentait que deux barils de brut.
Il répété, comme le groupe n’a cessé de le faire depuis la semaine dernière, que le pétrole devrait se disperser sous l’action des vagues, sans atteindre les côtes écossaises.
Cette fuite de pétrole, apparue sur un oléoduc reliant la plateforme pétrolière Gannet Alpha exploitée par le groupe au large de la côte orientale de l’Ecosse, a fait s’écouler environ 216 tonnes de pétrole brut dans la Mer du Nord, selon Shell, soit l’équivalent de 1.300 barils d’or noir.

Incident « important »

Cette fuite représente d’ores et déjà, selon les autorités, le plus important écoulement de pétrole enregistré dans les eaux britanniques depuis une décennie, la quantité de brut écoulée dépassant le cumul annuel des fuites enregistrées ces dix dernières années.
L’incident a été qualifié « d’important » à l’échelle des installations pétrolières britanniques par les autorités, même s’il est sans aucune mesure avec la marée noire liée à une plateforme exploitée par BP qui a frappé l’an dernier le golfe du Mexique.

Le 22 avril dernier la plateforme offshore « Deepwater Horizon » sombrait dans le golfe du Mexique après plus d’une journée d’incendie, sans doute déclenché par une poche de gaz mise à jour lors de forages. La station officiait pour le compte de la société pétrolière Beyond Petroleum (BP), qui d’après le Président Obama « paiera la facture ».
En effet, c’est une véritable catastrophe écologique qui se profile à l’horizon. Une nappe d’hydrocarbures d’une dimension de 10.000 m², soit environ 6 millions de litres de pétrole, n’est plus qu’à 70 km au large de la Nouvelle Orléans. L’avant garde de cette flaque huileuse a d’ailleurs touché les côtes le 29 avril au soir. Le plus inquiétant est que la fuite continue de répandre l’équivalent d’environ 8.000 barils par jour (750.000 litres) dans l’océan Atlantique. Afin de stopper « l’hémorragie », des solutions concrètes sont à l’étude comme par exemple la pose d’une chape de béton à 1.500 mètres sous la surface, ou bien le forage de puits de secours afin de diminuer la pression au sein du puits principal. Ces solutions sont techniquement réalisables, mais posent problème en raison de la durée nécessaire à leur élaboration. Un barrage flottant a été mis en place par les gardes-côtes américains, mais cela n’est apparemment pas suffisant pour empêcher la Louisiane et son éco-système d’être touchés. La pêche a d’ores et déjà été interdite dans certaines zones, et les parcs à huîtres fermés à cause du risque de contamination. D’après les autorités, cette marée noire pourrait s’avérer plus importante que celle de l’Exxon Valdez en 1989 en Alaska (40.000 tonnes de pétrole brut déversé, soit 40 millions de litres).
A l’occasion de sa visite en Louisiane, le Président Barack Obama a insisté sur la responsabilité du pétrolier BP, et a renouvelé son engagement en faveur de la protection des ressources naturelles, en faisant de la protection de l’estuaire du Mississippi sa priorité.

La marée noire se poursuit en mer du Nord

Grâce à plus de 600 champs pétrolifères, le delta du Niger Nigéria a propulsé le Nigeria au rang de premier producteur pétrolier africain. Il fournit ainsi 40 % du total des importations américaines de pétrole brut. Mais cela fait près de cinquante ans que, dans l’indifférence générale, un flot continu de pétrole brut se déverse chaque jour dans le delta du Niger, polluant l’eau, les forêts et les terres agricoles de toute la région et ruinant ses 31 millions d’habitants. La quantité de pétrole dans la mer dépasse de loin celle déversée dans le Golfe du Mexique suite à l’EXPLOSION DE LA PLATEFORME PÉTROLIÈRE DE BP en avril 2010. Or, face à la surmédiatisation de la catastrophe du Golfe du Mexique, personne ne semble se préoccuper de celle que connaît le Nigéria.

Une catastrophe écologique

Chaque année, une quantité astronomique de pétrole s’échappe des terminaux, des oléoducs, des stations de pompage et des plates-formes pétrolières. Celle-ci est d’ailleurs impossible à mesurer précisément puisque les pétroliers et le gouvernement s’assurent qu’aucune information ne filtre. La dernière marée noire importante date du 1er mai 2010 : un oléoduc du groupe ExxonMobil s’est rompu dans l’Etat d’Akwa Ibom, répandant ainsi 4 millions de litres de pétrole brut dans le delta pendant une semaine avant que la brèche ne soit colmatée. Nnimo Bassey, responsable au Nigeria de l’organisation écologiste Friends of the Earth International s’indigne qu’au Nigéria « l’Etat et les pétroliers en sont arrivés à considérer un niveau extraordinairement élevé de pollution comme la norme. Ici, les groupes pétroliers se considèrent au-dessus des lois et représentent un danger manifeste pour la planète»

La responsabilité des compagnies pétrolières

Les villageois, qui ont subi dix marées noires en deux ans, ont tout perdu : filets, cabanes, casiers de pêche… Les puits d’eau potable sont aussi pollués. « Les habitants sont contraints de se laver, de boire et de cuisiner avec des eaux polluées. Ils mangent du poisson -s’ils ont la chance d’en trouver encore- contaminé par les hydrocarbures et d’autres toxines. Leurs terres agricoles sont détruites », explique l’ONG Amnesty International. Selon les habitants, la compagnie pétrolière Shell, qui exploite la plupart des sites touchés par les marées noires, a été prévenue dès les premiers jours de la fuite du 1er mai 2010, mais n’a rien fait pendant des mois. Les autorités nigérianes ont recensé plus de 7 000 marées noires entre 1970 et 2000, et 2 000 grands sites de pollution. Elles réclament ainsi 1 milliard de dollars d’indemnités pour les maladies contractées et la perte des moyens de subsistance de la population. Plus d’un millier de procès ont été intentés rien que contre Shell. Le Géant du pétrole se défend en arguant que la quasi-totalité des marées noires a été provoquée par des saboteurs, et notamment les rebelles du Mouvement d’émancipation du delta du Niger (Mend), la plus organisée et la plus puissante des milices qui menace régulièrement Shell et le gouvernement. Nnimo Bassey réplique que ces actes de sabotage ne représenteraient en fait que 15 % des cas !
Ce n’est pas la première fois que Shell est mis en cause dans une catastrophe de marée noire. Récemment, en Mer du Nord, une fuite de pétrole a été constatée le 10 août 2011 suite à la rupture de l’oléoduc Gannet Alpha situé à 180 kilomètres de l’Ecosse. Environ 218 tonnes de pétrole se seraient écoulées dans la Mer du Nord. Cependant, contrairement à la marée noire du delta du Niger, Shell a tout de suite réagi et a annoncé avoir colmaté la fuite.


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